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Le problème des sépultures dans la ville de Paris par le médecin de Marie-Antoinette.
Un superbe exemplaire en maroquin rouge de l'époque
aux armes dorées du Comte de Provence, futur Louis XVIII.
VICQ D'AZYR Félix. (Valanges, 1748 - Paris, 1794)
"ESSAI SUR LES LIEUX ET LES DANGERS DES SEPULTURES. TRADUIT DE L'ITALIEN ; PUBLIE AVEC QUELQUES CHANGEMENS, & PRECEDE D'UN DISCOURS PRELIMINAIRE...".
1778, Paris, Fr. Didot.
1 volume in-12° (171x103 mm) (dimensions pages 165x95 mm)
CLXVI pp. (y compris le faux-titre, le titre, l'épître et le second titre), 142 pp., (1) f. b.
(a-g12, A-F12)
Reliure armoriée de l'époque en maroquin vieux rouge. Triple filet doré d'encadrement sur les plats, armoiries centrales et fleurons dorés dans les angles. Dos lisse avec fleurons et décorations dorés et pièce de titre en maroquin olive. Filet doré sur les coupes. Roulette intérieure dorée. Tranches dorées. Gardes de papier bleu.
Première édition française, en partie originale, rare.
Petites usures aux coins inférieurs, quelques rares et très légères rousseurs, sinon très bel exemplaire.
Armoiries dorées de Louis Stanislas Xavier de France, Comte de Provence (Versailles, 1755 - Paris, 1824), frère de Louis XVI et futur Louis XVIII.
Le Comte de Provence, dit Monsieur, avait à Versailles une bibliothèque remarquable par son contenu et aussi importante que celles du Roi. Il avait aussi une bibliothèque dans sa résidence d'été de Brunoy.
Curieux et très séduisant ouvrage sur le problème des sépultures à l'intérieur des églises et des villes françaises et, en particulier, dans celle de Paris.
C'est la traduction d'un livre du médecin italien Scipione Piattoli (1774), mais le traducteur, le médecin anatomiste et naturaliste français Félix Vicq D'Azyr, y ajoute des notes et des considerations importantes. A la séculaire tradition réligieuse s'opposent des irrépressibles exigences d'hygiène et de sante publique dont on commence à prendre conscience.
Mais ce sera seulement avec Napoléon Bonaparte et son Décret impériale sur les sépultures du 12 juin 1804 que l'inhumation en dehors de la muraille des villes deviendra obligatoire. Ce décret fut ensuite étendu au Royaume d'Italie, per l'Editto della Polizia Medica du 5 septembre 1806.
"Le 17 août 1744, vers six heures du soir, on fit l'inhumation du sieur Guillaume Boudou, pénitent blanc, dans une des caves communes de l'église paroissiale de Notre-Dame à Montpellier. Pierre Belsagette, porte-faix, qui n'avoit jamais servi dans cette église, fut employé ce jour-là par l'enterreur de la confrérie des pénitens. A peine eut-il descendu dans la cave, qu'on le vit agité par des mouvemens convulsifs, & bientôt étendu sans mouvement. Alors un frère pénitent nommé Joseph Serrau, eut la générosité de s'offrir pour retirer le misérable. Il se fit tenir en descendant, par le bout de son sac & de son cordon, qu'il donna à un autre frère pénitent. A peine eut-il saisi l'habit du porte-fiax, qu'il perdit la réspiration. On le retira à demi-mort ; bientôt il reprit ses sens, mais il lui resta une espèce de vertige & d'étourdissement...
Ce triste événement n'empêcha pas Jean Molinier, pénitent de la même confrérie, de s'exposer avec le même zèle pour sauver le porte-faix. Mais à peine fut-il à l'entrée de la cave, qui se sentant suffoqué, il fit signe qu'on le retirât... un instant de delai lui aurait certainement coûté la vie. Robert Molinier, frère de celui-ci, plus robuste & plus vigoureux, se fiant sans doute sur sa force, crut pouvoir braver le danger & suivre le mouvement que la charité lui inspirait, mais il en fut la victime, & il mourut aussitôt qu'il fut descendu au fond de la cave. Cette scène tragique fut terminée par la mort de Charles Bolsagette, frère du porte-faix qui étoit resté dans la cave.
... il crut qu'à la faveur d'un mouchoir imbibé d'eau de la reine d'Hongrie, & mis entre ses dents, il se garantiroit du danger en descendant une seconde fois. Cette précaution fut inutile ; on le vit bientôt regagner l'echelle en chancelant, faire des efforts pour remonter, & au troisième échelon tomber à la renverse, sans donner aucun signe de vie.
(...)
On se servit de crochets pour retirer les trois cadavres.
Leurs habits exhaloient une puanteur horrible, & ils étoient couverts d'une matière verte, jaune, & semblable à de la rouille".
Félix Vicq D'Azyr est considéré comme le fondateur de l'anatomie comparé. Il est célébre pour avoir été le médecin de la Reine Marie-Antoinette et il est à l'origine de la fondation de la Société royale de Médecine, officiellement crée en 1778, afin de suivre et prévenir les épidémies.
Provenance :
Traces d'étiquette des ventes révolutionnaires.
Ex libris Viansson-Ponté.
(LCPCSCI-0012)
(2.500,00 €)