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"Les courtifans et les fanatiques fe récrieront fans doute fur la licence de ma plume,
car j'étonnerai également l'idole & les adorateurs :
ils invoqueront la vengeance, car ma franchife les humiliera.
Je dédaigne leurs clameurs ; parce que j'ai la confcience de mes intentions...".
MIRABEAU Gabriel-Honoré RIQUETTI (Comte DE). (Bignon, 1749 - Paris, 1791)
"ESSAI SUR LE DESPOTISME".
1775, Londres (Neuchâtel).
1 volume in-8° (218x138 mm) (dimensions pages 218x138 mm)
(1) f.b., 275 pp. (y compris titre, avis et dédicace), (3) pp. (errata), (1) p. b.
(A-R8, S2, (1) f.)
Couverture d'attente de l'époque en papier décoré rose et blanc. Dans une boîte de plexiglass.
Edition Originale, rare.
Séduisant exemplaire tel que paru, à toutes marges, non rogné ; plus haut de 20 mm par rapport à un autre exemplaire vendu par nous en 2020. Angle supérieur extérieur de la p. du titre et de la dernière p. d'errata avec usures et salissures et anciennement renforcés, quelques feuillets écornés et traces de poussière sur quelques marges, mais bon exemplaire avec intérieur frais.
Cet ouvrage fut achevé par Mirabeau, alors agé de vingt-cinq ans, pendant un exil forcé à Manosque et une ordonnance d'interdiction (rendue sur demande de son père), avant d'être arrêté et enfermé dans le château d'If (20 septembre 1774). Passé ensuite au Fort de Joux (20 mai 1775), grâce au temoignage de bonne conduite donné par le gouverneur du château d'If, Mirabeau qui reconquit une demi-liberté, put sortir et aller jusqu'en Suisse, "où il s'efforce de vendre à un libraire suisse l'Essai sur le despotisme, car son père l'a réduit à 1.200 livres par an".
Vers le mois de janvier 1776, de Paris arrivent les ordres de "... faire des recherches au sujet de l'auteur d'un certain Essai sur le despotisme qui venait de paraître en Suisse et insultait à la monarchie, l'accablait de citations empruntées aux Grecs, aux Latins, aux Français, prédisait avec une sombre éloquence : <O rois qui vieillissez dans une longue enfance, vous qui la faiblesse plus que l'intérêt, votre plus cher idole, dessille vos yeux et réveille en vous la crainte prudente et les remords effrayants. Les mains du fanatisme attenteront sur les princes les plus cheris et les plus dignes de l'être...>. Le Mirabeau des jours révolutionnaires s'annonce en cet écrit... Il avait profité du voisinage de la Suisse pour le vendre à un libraire de Neuchâtel... Sur ces entrefaits tombait aux mains du gouverneur un billet à l'ordre de 1.500 livres, signé par Mirabeau au nom de l'éditeur et stipulant que le prêt consenti par celui-ci l'avait été en échange de l'Essai sur le despotisme. C'était la preuve...".
(H. de Jouvenel, La vie orageuse de Mirabeau, 1928, Paris, Plon, pp. 93 à 102)
"C'est le coup d'essai d'un grand homme, dont le talent s'y décelait déjà par des touches fortes ; il écrivit dans un fort où il était enfermé par des ordres arbitarires. Quoi de plus fou (disait son père) que d'écrire contre le despotisme dans un château fort! Cette <folie> annonçait un grand caractère".
(J.B. de La Harpe)
Fils de l'économiste Victor Riquetti de Mirabeau, Gabriel-Honoré, après des études de droit, il est incorporé dans un régiment. Mais d'abord à cause du libertinage et des fortes dettes accumulées et ensuite à cause d'une fuite avec une femme mariée, pour laquelle il est accusé de rapt et séduction, il est plusieurs fois enfermé par lettres de cachet, sur demande de son père, en prison. C'est pendant une fuite qu'il publie son Essai sur le despotisme, qui dénonce l'arbitraire du pouvoir royal et c'est au donjon de Vincennes, où au même moment est enfermé aussi la Marquis de Sade, qu'il écrit l'ouvrage Des lettres de cachet et des prisons d'état.
Repoussé par la Noblesse il est élu, comme député du Tiers Etat, pour l'Assemblée des Etats Généraux. Grâce à ses publications de journaliste, à ses discours politiques et à son oratoire, il est vite applaudi et aimé par le peuple et il est surnommé "l'Hercule de la Liberté".
Mais Mirabeau est toujours sans argent et fortement endetté et, dans cette condition, après avoir toujours critiqué le pouvoir royal, "la dégradation de la monarchie détermine son revirement politique. Il devient le plus solide appui de Louis XVI et de Marie-Antoinette, en étant notamment le conseiller privé de Louis XVI, fonction secrète pour laquelle il se fait rémunérer en livres d'or..." et se fait payer les dettes. "Auprès de ses amis révolutionnaires, il appuiera les idées de la révolution, alors que pour le roi, et notamment la reine qu'il rencontre en secret, il se montre comme un ardeur défenseur de la monarchie. Trahissant des deux côtés et corrompu par de nombreuses factions, Mirabeau proposera au roi d'accepter la monarchie constitutionnelle voulue par l'Assemblée. Elle est selon lui, la seule sauvegarde possible de la royauté. Ses interventions à l'Assemblée permettront notamment à Madame Adelaïde et Madame Victoire, dernières filles de Louis XV encore en vie, d'émigrer en Savoie, alors qu'elles étaient retenues à Arnay-le-Duc. Après sa mort, quand on retrouvera des traces de sa correspondance avec la famille royale, Mirabeau sera haï par le peuple de Paris et, chose rare, dé-panthéonisé".
"... una volta pagati i suoi debiti, Mirabeau non chiedeva che cento luigi al mese per fermare la rivoluzione. (...) il Re confermava questa promessa, prometteva più di 6.000 lire al mese, e dava di sua mano a M. de La Marck, davanti alla Regina, quattro biglietti di 250.000 lire ciascuno, da rimettersi a Mirabeau solo alla fine della sessione "se mi serve bene", diceva il Re. Così si comprava Mirabeau, che non evitava nemmeno la vergogna di essere comprato a forfait".
(E. e J. de Goncourt, Storia di Maria Antonietta, a cura di F. Sgorbati Bosi, Sellerio, 2017, p. 285)
"Louis XVI... dit au comte de La Marck en lui remettant la première lettre de Mirabeau :
Vous la garderez, ainsi que ces quatre billets de sa main, chacun de 250.000 livres. Si, comme il le promet, M. de Mirabeau me sert bien, vous lui remettrez, à la fin de la session de l'Assemblée nationale, ces billets pour lesquels il touchera un million. D'ici là, je ferai payer ses dettes, et vous déciderez vous-même quelle est la somme que je dois lui donner chaque mois pour pourvoir à ses embarras présents".
(H. de Jouvenel, La vie orageuse de Mirabeau, 1928, Paris, Plon, p. 260)
"Mirabeau avait conçu le dessein de constituer la plus riche et la plus nombreuse bibliothèque du monde ; celle qu'il eut le temps de former était déjà remarquable et comprenait notamment la bibliothèque de Buffon qu'il avait acheté en bloc ; il est à remarquer qu'il s'attachait plus au texte qu'à la rareté ou à la beauté des éditions".
En dehors de ses livres, il possédait une magnifique collection d'objets d'art et de curiosités de toutes sortes".
(Barbier, II, p. 249 ; Conlon, 75)
(LCPCLUM-0002)
(1.000,00 €)