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"Les courtifans et les fanatiques fe récrieront fans doute fur la licence de ma plume,
car j'étonnerai également l'idole & les adorateurs:
ils invoqueront la vengeance, car ma franchife les humiliera.
Je dédaigne leurs clameurs; parce que j'ai la confcience de mes intentions...".
MIRABEAU Gabriel-Honoré RIQUETI (Comte DE). (Bignon, 1749 - Paris, 1791)
"ESSAI SUR LE DESPOTISME".
1775, Londres (Neuchâtel).
1 volume in-8° (198x144 mm) (dimensions pages 197x139 mm)
275 pp. (titre compris), (3) pp.
(A-R8, S2)
Cartonnage gris d'attente de l'époque, avec dos granité et titre manuscrit sur petite étiquette de papier en tête du dos. Dans une boîte de plexiglass.
Edition Originale, rare.
Séduisant exemplaire tel que paru, grand de marges (conserve un témoin) et non rogné dans la marge latérale. Minime restauration à la coiffe inférieure et usures aux mors; quelques rousseurs éparses.
Fils de l'économiste Victor Riqueti de Mirabeau, Gabriel-Honoré, après des études de droit, il est incorporé dans un régiment. Mais d'abord à cause du libertinage et des fortes dettes accumulées et ensuite à cause d'une fuite avec une femme mariée, pour laquelle il est accusé de rapt et séduction, il est plusieurs fois enfermé par lettres de cachet, sur demande de son père, en prison. C'est pendant une fuite qu'il publie son Essai sur le despotisme, qui dénonce l'arbitraire du pouvoir royal et c'est au donjon de Vincennes, où au même moment est enfermé aussi la Marquis de Sade, qu'il écrit l'ouvrage Des lettres de cachet et des prisons d'état.
Plus proprement, c'est pendant sa détention au Fort de Joux (où il est enfermé à partir du 25 mai 1775) que Mirabeau publie son Essai sur le despotisme. Grâce au gouverneur de la prison, M. de Saint-Mauris, il peut vite bénéficier d'un régime de demi-liberté, sous la condition de rentrer au fort tous les soirs: "il peut aller jusqu'en Suisse, revenir à Pontarlier, acheter des livres, chasser...", mais en même temps, profitant de ses sorties "il s'efforce de vendre à un libraire suisse l'Essai sur le despotisme, car son père l'a réduit à 1.200 livres par an".
Mais seulement au bout de quelques mois, "des ordres étaient... arrivés de Paris d'avoir à faire des recherches au sujet de l'auteur d'un certain Essai sur le despotisme qui venait de paraître en Suisse et insultait à la monarchie, l'accablait de citations empruntées aux Grecs, aux Latins, aux Français..." et dans la cellule de Mirabeau "tombait aux mains du gouverneur un billet à l'ordre de 1.500 livres, signé par Mirabeau au nom de l'éditeur et stipulant que le prêt consenti par celui-ci l'avait été en échange de l'Essai sur le despotisme. C'était la preuve".
Pour Mirabeau, encore une fois, un seul choix: une nouvelle fuite, pour éviter la plus dure prison du château d'If.
(H. de Jouvenel, "La vie orageuse de Mirabeau", 1928, Paris, Plon, pp. 92 et 103)
Repoussé par la Noblesse il est élu, comme député du Tiers Etat, pour l'Assemblée des Etats Généraux. Grâce à ses publications de journaliste, à ses discours politiques et à son oratoire, il est vite applaudi et aimé par le peuple et il est surnommé "l'Hercule de la Liberté".
Mais Mirabeau est toujours sans argent et fortement endetté et, dans cette condition, après avoir toujours critiqué le pouvoir royal, "la dégradation de la monarchie détermine son revirement politique. Il devient le plus solide appui de Louis XVI et de Marie-Antoinette, en étant notamment le conseiller privé de Louis XVI, fonction secrète pour laquelle il se fait rémunérer en livres d'or..." et se fait payer les dettes. "Auprès de ses amis révolutionnaires, il appuiera les idées de la révolution, alors que pour le roi, et notamment la reine qu'il rencontre en secret, il se montre comme un ardeur défenseur de la monarchie. Trahissant des deux côtés et corrompu par de nombreuses factions, Mirabeau proposera au roi d'accepter la monarchie constitutionnelle voulue par l'Assemblée. Elle est selon lui, la seule sauvegarde possible de la royauté. Ses interventions à l'Assemblée permettront notamment à Madame Adelaïde et Madame Victoire, dernières filles de Louis XV encore en vie, d'émigrer en Savoie, alors qu'elles étaient retenues à Arnay-le-Duc. Après sa mort, quand on retrouvera des traces de sa correspondance avec la famille royale, Mirabeau sera haï par le peuple de Paris et, chose rare, dé-panthéonisé".
Provenance :
Ex libris manuscrit Meuron au verso du premier plat.
Un autre ex libris manuscrit (biffé) sur la page de titre.
Récemment un exemplaire, en veau de l'époque, de ce rare ouvrage est arrivé à être marqué 4.500,00 Euros (Libr. A. Sourget, internet mars 2018)
(Barbier, II, p. 249 ; Conlon, 75)
(LCPCLUM-0002)
(Vendu)