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Les "Vapeurs" dans un très rare exemplaire armorié de la bibliothèque de Louis-Charles de Bourbon,
Comte d'Eu, Grand Maître de l'Artillerie de France et Colonel Général des Cent-Suisses.
Ensuite passé au Duc de Penthièvre, beau-père de la Princesse de Lamballe
grande malade de "Vapeurs".
POMME Pierre. (Arles, 1735 - Montpellier, 1812)
"TRAITE DES AFFECTIONS VAPOREUSES DES DEUX SEXES; OU L'ON A TACHE DE JOINDRE A UNE THEORIE SOLIDE UNE PRATIQUE SURE, FONDEE SUR DES OBSERVATIONS".
1763, Lyon, B. Duplain.
1 volume in-8° (168x112 mm) (dimensions pages 164x105 mm)
XIX, (1) pp. (faux-titre, titre, préface et table), (2) ff. (privilège), 447 pp., (1) p. (errata).
(a8, e4, A-Z8, Aa-Ee8)
Reliure armoriée de l'époque en basane racinée. Dos lisse avec fleurons et décorations dorés et pièce de titre en maroquin rouge. Armoiries dorées eu queue du dos. Traces de filet doré sur les coupes. Tranches rouges. Gardes de papier décoré.
Edition Originale, première sous ce titre, rare. Texte scientifique rarissime en reliure armoriée du temps.
Manque de cuir à un mors de la coiffe supérieure, ancienne restauration de cuir sur le premier plat et traces d'usage à la reliure, mais bon exemplaire en très bon état intérieur.
Reçu docteur en médecine à l'Université de Montpellier (1747), Pomme exerça et fit sa réputation d'abord à Arles (1751) et ensuite à Paris (1766) ; les grandes Dames de la Cour se rendaient chez lui et il devint Médecin Consultant du Roi Louis XVI.
Il s'occupa des "vapeurs" deux ans après Joseph Paulin (1708-1748) et estima que les maladies nerveuses ou "vaporeuses" n'étaient pas seulement des femmes (il fut le premier à indiquer l'indépendance de lésions de l'utérus) et que son origine était due à la déshydratation et au durcissement des nerfs ("le racornissement général des nerfs").
"Les Médecins avouent que de toutes les maladies qui affligent l'humanité, il n'y en a point dont la cause soit moins connue, & le procédé curatif moins assuré, que celle qu'on appelle affection vaporeuse, ou simplement vapeurs".
Il conseillait donc des bains prolongés (10 à 12 heures) et des bouillons de poulet et de veau ("Ce seront toujours là les armes avec lesquelles nous dompterons ce monstre protéiforme sous la figure duquel on a voulu dépendre cette espèce de maladie que nous connaissons sous le nom de vapeurs"). Attaqué par des confrères, défendu par Voltaire qui l'indique comme "prototype de la médecine scientifique qui remplace les anciens exorcismes", grâce à ses observations et à sa médecine douce il eut un grand succès et ce traité eut de nombreuses éditions et traductions.
Pomme est considéré comme un précurseur de la psychiatrie.
Provenance :
Exemplaire aux armes dorsales dorées de Louis-Charles de Bourbon (1701-1775), Comte d'Eu, Duc d'Aumale et de Gisons, Comte de Dreux, Prince d'Anet et Baron de Sceaux.
Fils du Duc du Maine, bâtard légitimé de Louis XIV, à la mort de son frère aîné il lui succède comme souverain de Dombes, Colonel Général des Cent-Suisses et Gouverneur du Languedoc.
Demeure célibataire et sans enfants, à sa mort sa fortune passe à son cousin le Duc de Penthièvre.
Un des personnages du plut haut rang à la Cour qui souffrait de "vapeurs" était sans doute la Princesse de Lamballe, amie fidèle et surintendante de la Maison de la Reine Marie-Antoinette. Souffrant de "vapeurs" dès sa plus tendre enfance, voilà comme elle même décrivait son état de santé au docteur Saiffert, le médecin qui appliqua ensuite sur elle, avec succès, les méthodes douces de Pomme:
"Ces douleurs diminuèrent avec l'apparition des règles; elles ne se firent sentir depuis, plus ou moins fortes, que vers le commencement de mes <époques>; on m'assurait que le mariage m'en délivrerait entièrement, on se trompait et on me trompait: elles ont été, depuis, plus violentes et prolongées...
Au commencement de 1782, mes maux de tête s'accompagnèrent tout à coup de faiblesses et de convulsions; les médecins de Paris et les médecins ordinaires de la Cour furent consultés successivement, mais tous les remèdes qu'ils me prescrivirent, loin d'améliorer mon état, n'ont réussi qu'à l'aggraver, et à me mettre dans le triste état que vous voyez. Je tombe, Monsieur, tous les deux jours, après une heure, dans une attaque d'un mal qui m'est inconnu, et je reviens à moi peu à peu, mais actuellement au bout de neuf heures seulement, et je reste comme brisée".
Cet exemplaire aura peut-être été consulté par ou pour la Princesse de Lamballe qui, avec les débuts de l'orage révolutionnaire, retomba malade dans ses crises nerveuses et qui, pendant les émeutes parisiennes de 1789, s'était installée "à Eu, chez son beau-père, le Duc de Penthièvre, à fin d'y refaire sa santé, attendu que la Normandie est plus calme que Paris, et qu'il est nécessaire de changer d'air pour reprendre des forces...".
(Cabanès, "La Princesse de Lamballe Intime, d'après les Confidences de son Médecin", s.d. (1922), Paris, Albin Michel, pp. 129 et 168)
(LCPCMED-0002)
(1.500,00 €)